Isabelle Baglioni-Fouillaret

Dans un monde où les textes lisses de l’IA parfaits (et calibrés pour le SEO) se multiplient, un phénomène inattendu prend de la valeur : la coquille.
Oui, cette petite faute d’orthographe, cet accent oublié, cette syntaxe un peu bancale, deviennent presque des signatures. Si aujourd’hui vous trouvez une coquille dans un article, vous avez peut-être devant les yeux une œuvre 100 % humaine.

Les bourdes typographiques des maîtres de la littérature

La coquille est historique, prenons exemple sur ce cher Victor hugo “Les misérables” dans certaines premières éditions, on trouve des mots coupés, des accents oubliés et même des incohérences mineures. À l’époque, la correction typographique était un travail manuel et certaines erreurs passaient à travers malgré les multiples relectures. Marcel Proust idem  “À la recherche du temps perdu”  dans les éditions initiales des coquilles apparaissaient régulièrement, parfois sur des noms de personnages ou des accords. Proust, obsédé par la réécriture, modifiait tant ses épreuves que cela multipliait les risques d’erreurs.

La coquille, ultime preuve qu’un humain a écrit un article ?

Face à l’IA, qui aligne phrases impeccables et tournures standardisées, la coquille est un grain de sable dans la machine. L’intelligence artificielle peut nous aider à trouver des synonymes, à optimiser nos textes pour le référencement naturel et à répondre aux exigences parfois tyranniques de l’écriture web. Mais attention à force de déléguer, ne risquons-nous pas d’émousser notre créativité ? Utilisons donc l’IA à dose homéopathique. L’écriture humaine a ses humeurs ! Certains jours, les mots coulent tout seuls d’autres, ils résistent. L’inspiration peut être capricieuse, lunatique et au détour d’un paragraphe, même l’auteur le plus rigoureux peut laisser passer une faute d’étourderie.

Si cette imperfection devenait notre force ? Après tout, elle prouve que nous avons façonné le texte, qu’il a été écrit avec nos mains, nos yeux, nos hésitations. L’erreur devient donc une empreinte digitale, un indice irréfutable : ici, pas de robot.

Alors oui, réjouissons-nous en découvrant une coquille dans un article, car peut-être qu’un jour, ce sera le seul moyen de reconnaître qu’un être humain, et non une machine, en est l’auteur.

Faut-il vraiment en arriver là ?

Isabelle